Supermarket Landscape
(english version below)Les photographies composant Supermarket Landscape ne sont rien d’autre que des bancs de neige accumulés durant l’hiver dans les stationnements de centres commerciaux. Cette neige, ramassée et tassée dans un coin du terrain, permet le bon fonctionnement des centres commerciaux et de leur activité économique. À première vue, ces images de congères évoquent des paysages d'une autre planète ou, peut-être, ceux que l’on imagine après plusieurs jours de marche en pleine nature. Capturées sur une période de quatre ans à travers le Québec, ces photos invitent à la contemplation. Elles rendent hommage à nos hivers, même si paradoxalement, ces bancs de neige résultent d’un rejet de cette réalité. Leur accumulation, loin de susciter l’émerveillement, laisse souvent les usagers des centres commerciaux indifférents, tout comme les spectateurs alentours. Ici, cependant, le spectateur sera captif à la fois du paysage qu’il voit et de celui qu’il s’imagine, au-delà du cadre. Aussi ambigus que les paysages dits « naturels » que la société moderne nous promet encore, mais qui sont bien souvent aménagés et balisés, ces paysages permettent une évasion, une exploration. Tout comme je l’ai fait, cherchant à magnifier ces accumulations, je propose ici un regard renouvelé.
La forme ronde de la présentation évoque la douceur et la quiétude, en contraste avec la manière brutale et hâtive dont ces paysages ont été façonnés par les camions de déneigement. Elle rappelle également la lunette d'approche utilisée par les explorateurs, anciens ou contemporains, scrutant l'horizon, et suggère ainsi la découverte du paysage. En fait, ce paysage a bien été découvert. Il est récent, furtif, éphémère. De par sa nature (la neige) et son emplacement, il ne pourrait demeurer là longtemps. Il est donc le reflet même de notre utilisation du territoire et de la nature. Ce paysage est une nature nouvelle, modelée par le photographe tout comme l’homme a toujours cherché à modeler son environnement.
À travers ces paysages, c'est également l'empreinte de l’anthropocène que l’on perçoit, cet âge où l’homme, par ses actions, façonne désormais de manière décisive le cours de la nature et des écosystèmes. Le banc de neige, fruit de l’intervention humaine, en est une métaphore parfaite : un phénomène naturel, devenu un déchet manipulé, accumulé et oublié, laissé à l'écart du regard, bien loin de l'image d'une nature sauvage et intacte. En mettant en lumière ces accumulations, je cherche à questionner cette tension entre la nature « brute » et son exploitation incessante. Ces paysages ne sont pas seulement des témoins d’un hiver québécois ; ils sont les signes tangibles d’une ère où l’humain redéfinit la nature à sa manière, en l'exploitant, la manipulant et parfois même l’ignorant, jusqu’à ce qu'elle devienne une image abstraite, une forme qui nous échappe.
- Contamination culturelle 2023, Vaudreuil-Soulanges, Québec, Canada
- Festival art Souterrain 2020, Montreal, Québec, Canada
- 2021 Mention honorable au Annual Photography awards (APA), catégorie professionnal “Fine Art”
- 2018 Honorable mention, catégorie Conceptual au concours international Chromatic Awards 2018 edition
- 2018 Nominee (finaliste), catégorie Experimental au concours international Photography Grant 2018 edition
Supermarket Landscape
The photographs which make up the Supermarket Landscape are non-other than the snow banks which can be found in our shipping mall parking lots every winter. They depict the snow that is plowed and pushed aside in a forgotten corner to allow the effective operational and economic activity of the shipping mall. At first glance, these snowdrifts look more like the landscapes from some far off planet or an idyllic landscape of which we dream of seeing after a several days walk in the wilderness. These images were taken over the course of four years throughout Quebec and pay homage to our winters; ironically, the snowbanks are the result of our own rejection of this reality and their accumulating growth usually leaves the mall’s patrons and other onlookers quite indifferent to their presence. The spectator will be captivated not only by what they see but by what they cannot. As ambiguous as the said “natural” landscapes which modern society still looking to give us, but are in reality defined and artificial, the ones which I propose allow your mind to escape and explore as I did during my search to glorify these accumulations.
The use of the round form in this presentation is to give a soft and calming effect despite the botched brutal way in which these formations were created. The circular form also suggests the discovery of new landscapes as its shape can suggest looking through a telescope, like those used by the explorers both past and present. In fact this was a new landscape, recent, but furtive and temporary. The physical make up and location of the snow makes it will never remain there very long. Therefor it is a good representation of we use and consume nature and our territory. As man has continually searched to mould the land, the photographer has moulded this new landscape.

Impressions jet d'encre à pigments
Archival Pigment Prints
8"x8", 16"x16", 24"x24" _ Limited Editions